Le nouvel album de k's Choice, Echo Mountain, stigmatise plusieurs choses qui sont arrivées au monde de la musique et du commerce ces dernières années.
Acheter un album, la galère
Le groupe est belge et plutôt connu, surtout en Europe. Et pourtant, l'album sorti le 26 mars est introuvable en magasin en dehors de la Belgique. Vive la mondialisation ! L'exception en France est le Virgin Megastore des Champs Elysées à Paris... Pas terrible comme distribution ! Que les commerçants ne viennent pas se plaindre qu'on achète par Internet !
Internet justement. Il y a 3 moyens de se procurer un album sur ce merveilleux média : l'acheter dans une boutique en ligne (la boutique officielle, fnac.com vend le CD qu'ils n'ont pas en magasin, freerecordshop.com, etc.), l'acheter en téléchargement (iTunes ou la boutique officielle mp3 de Sony) ou, bien entendu, le télécharger illégalement.
Pour ma part, il est hors de question d'acheter un album en téléchargement s'il existe en disque "réel". Je suis collectionneur, donc il me faut l'objet, avec la pochette, les paroles, etc.
Le commander sur une boutique en ligne prend du temps et l'album est généralement envoyé le jour de la sortie officielle, voire plus tard.
Résultat des courses, si on est fan et que l'on veut écouter l'album le jour de la sortie, il ne reste plus que le choix de le télécharger illégalement, en attendant l'arrivée du CD par la poste. Il ne faut pas s'étonner si de plus en plus de monde se passent de l'étape "attendre l'arrivée du CD par la poste"...
Le téléchargement, la facilité
Pour autant, je ne cautionne pas le téléchargement illégale sans acheter l'album. Alors oui, cela permet de "tester" sans risque (c'est pareil pour les jeux vidéo). Mais quand on aime, il faut acheter, sinon c'est la fin des haricots. Comme le disait
Pastagames lorsque leur jeu
Maestro! Jump in Music est apparu en piraté sur la toile, si l'on veut voir un autre jeu de leur part dans le futur, il faut l'acheter. Sans ça, ils n'auront jamais les moyens d'en faire un autre. Ca doit faire rager quand même de voir un travail de 3 ans arriver en libre-service comme ça 2 jours après la mise en vente...
Dans la série des curiosités des boutiques en ligne, l'album est plus cher sur la boutique officielle que chez les concurrents ! Cela s'est vérifié pour Echo Mountain mais aussi pour Joy de Phish. Et je ne parle pas des frais de port qui sont généralement offerts sur des grands boutiques comme Amazon et très chers dans les boutiques officielles...
Trop de versions tue l'achat
Echo Mountain a aussi été emporté par une nouvelle mode, la multiplication des éditions différentes. Pour ce disque, il en existe 5 :
- Version standard, 2x 7 morceaux
- Version Digipack, 2x 7 morceaux
- Version Exclusive Free Record Shop, boitier standard, 1 morceau bonus : Show me how it's done
- Version Exclusive téléchargement, pas de boitier, 1 morceau bonus : Time is a Liar
- Version pré-commande iTunes, pas de boitier, 1 morceau bonus : Come live the life (semi-acoustic)
La version idéale (digipack et tous les morceaux bonus) n'existe pas. Il faut donc passer plusieurs fois à la caisse si l'on veut tout avoir. Autant il est possible d'acheter Time is a Liar toute seule (c'est ce que j'ai fait), autant il n'y a pas trop de choix pour les autres bonus (le bonus d'iTunes n'était disponible qu'avant la date de sortie et pour l'achat de l'album entier).
Le summum a été atteint par les Smashing Pumpkins avec Zeitgeist : 12 versions (4 morceaux bonus, livret collector, DVD et pochettes de couleurs différentes)
Sérieux, qui achèterait 12 versions différentes du même album ??...
Bon, ok, moi, si c'était Phish... Pour Joy, j'ai acheté l'album trois fois mais dans des versions biens différentes : CD standard (digipack), Vinyl et Joy Box.
Aucune version tue l'achat (reprise)
Par la suite,
Billy Corgan est tombé dans l'excès inverse : pas de sortie physique pour l'album suivant, chaque morceau étant distribué gratuitement sur le site Internet au fil de l'eau, juste après son enregistrement. D'après lui, la façon d'écouter de la musique a évolué et "personne n'écoute plus d'album en entier, juste une chanson par-ci par là" (je ne retrouve pas la source de la citation par contre). Je dois être un vieux con parce que justement je n'écoute pas de chanson hors de son album... C'est d'ailleurs pour ça que je n'ai quasiment pas écouté les 3 morceaux de
Teargarden by Kaleidyscope sorties jusqu'à présent... Mais il s'est visiblement rendu compte de son erreur (ou que son banquier allait lui tirer les oreilles), car les 44 chansons sortiront finalement sous la forme de 11 EP (des maxi-single en gros) en version limitée (
pour le premier, boitier en bois avec un CD 4 titres, un 45 tours avec une chanson bonus et un mini-obelisque taillé à la main,30$) qui seront par la suite regroupés dans un coffret avec des version différentes des EP, voire en version numérique avec des versions demos... la boucle est bouclée !
Ce qui me fait chier dans l'histoire, c'est qu'avec ma
collectionnite aiguë, je suis capable de craquer juste parce que l'objet est beau...
Plus d'achat, plus de musique
N'empèche que tous ces points ne font malheureusement que d'apporter de l'eau au moulin des pirates et c'est bien dommage. Je ne suis même pas sûr que les artistes et les maisons de disque vendent plus d'exemplaire au final. Car la proportion de fan qui achèteront plusieurs fois sera minime par rapport à ceux que la démarche dégouteront et pirateront l'album en conséquence (ou avec une excuse toute trouvée).
Et c'est toujours la création qui en paie les frais au final. La preuve : jamais je n'ai parlé de la musique en elle-même dans cet article...